"J'ai possédé une ferme en Afrique au pied du Ngong. La ligne de l'Equateur passait dans les montagnes à vingt-cinq milles au nord." Ainsi commence Karen Blixen qui, en dévidant simplement ses souvenirs, est parvenue à écrire le livre le plus dense, le plus nourri, le plus vivant qu'aucun Européen ayant vécu en Afrique ait rapporté sur ce continent.
Il y a d'abord la vie de la ferme. C'est une exploitation immense et féodale. La maïtresse, la "M'sabu", règne sur elle comme un seigneur du Moyen Age, qui aurait toute la largeur d'esprit et la douceur d'une femme du XX° siècle.
Cette ferme est évidemment le centre du livre ; tout en part ou y aboutit, mais, autour d'elle, Karen Blixen a su brosser un vaste tableau de la vie africaine : Nairobi, la ville proche ; la tribu des Massaïs, guerriers redoutables ; les Kikuyus travailleurs et amusant ; la mission écossaise ; Kamante, le cuisinier génial ; Farah, le majestueux régisseur ; Knudsen, le vieil émigré blanc, etc. Sous sa plume défile une foule de personnages, de paysages et d'histoires. L'ensemble forme plus et mieux qu'un roman : c'est une immense chronique africaine, pleine de bonhomie et de poésie, l'évocation d'un monde brûlant, violent, naïf et passionnant.